Petites péripéties d'un séjour en Asie de l'Est

vendredi 5 octobre 2012

Un monde meilleur


Hi guys !(っ・∀・)っ

Ces derniers temps, l'attente se fait longue jusqu'à notre départ. Mais je dois avouer que malgré l'engouement que nous portons à cette date, et l'excitation qui vient évidemment avec, il y a aussi une certaine angoisse. C'est vrai, nous n'allons rester que moins d'un an là-bas, et pourtant c'est comme s'il fallait espérer le meilleur et s'attendre au pire. Bon, il faut tout de même que j'explique les circonstances de ce sentiment étrange.


Cela fait maintenant quelques mois que nos amis coréens ne sont plus à Tours, ce qui serait pourtant un bon réconfort dans cette période d'attente. "Mais Skype ça existe! :D" me direz-vous, sauf que depuis la rentrée coréenne, nos amis sont passés en mode "sous-marin" comme le disent si bien Fred et Jérémie de Trololo en Corée (lien dans la barre à droite). Sans parler de ceux qui travaillent, et qui, malgré leurs efforts admirables, galèrent quand même pour trouver le temps d'une longue conversation ㅠ_ㅠ
Du coup, j'essaye de passer le temps en lisant tous les bons blogs & vlogs d'expats que je connais, et puis je rends visite aux quelques coréens que j'apprécie, encore présents dans ma ville. Je voulais avoir des nouvelles, et par la même occasion, m'entraîner à la conversation coréenne. Il y eu de bons moments, bien sûr, mais au détour d'une conversation, ma gorge s'est tout de même nouée. J'explique : j'ai gardé pendant plusieurs jours le petit garçon d'une maman coréenne. Lorsqu'elle rentrait du travail, chaque jour, nous discutions un peu. Elle m'avoue qu'elle est de droite, mais elle semble ouverte d'esprit et nos conversations sont intéressantes. Jusqu'au moment où elle aborde le sujet de la mixité ethnique.

Une de ses proches amies, de 20 ans sa cadette, sort en effet avec un français depuis un an et ne l'a toujours pas confié à ses parents. Elle enchaîne en me confiant que son fils lui a déclaré qu'il souhaitait se marier avec une française plus tard. Elle rit alors nerveusement et me dit qu'elle l'a un peu mal pris, dans la mesure où cela "souillerait le sang pur de la race coréenne". Je n'ai pas hésité à lui dire qu'en Europe, ce genre de pensées nous rappelait de très mauvais souvenirs. Elle a été très compréhensive, et nous avons continué à blablater autour de la société française. Elle m'a également confié qu'elle avait été très surprise de voir tellement de mixité ethnique en France lorsqu'elle est arrivée. Elle qui s'attendait à une foule à la peau exclusivement pâle, à des Sylvie! des Pierre! J'ai eu du mal à retenir une mine effondrée, et j'ai dû lui raconter notre histoire, comment les choses avaient changées. Les mentalités, aussi. Ça aussi elle comprenait, elle écoutait, malgré le fait qu'en Corée la mixité ethnique reste une bête curieuse pour beaucoup de gens. Et puis, cette phrase revenait, comme toujours : "On a besoin de temps".

Séoul, 1930

Cette phrase revient également à chaque fois que l'on aborde le sujet de l'éducation en Corée et de certains petits qui n'ont plus d'enfance. Des suicides en masse, la Corée du Sud étant le pays de l'OCDE se ramassant le taux de suicide le plus haut. De la rancœur, parfois hargneuse, que gardent beaucoup de coréens envers le Japon, etc. En écoutant tout cela, je me remémore tout ce que j'ai appris minutieusement au sujet de l'histoire moderne de la Corée. Je me rappelle les 35 ans de colonisation par la Japon, la Corée dévastée de 1953, la dernière dictature s'étant achevée en 1996, mais également toutes les choses que j'ignore certainement. Désormais, ce genre de sujets ne suscite plus tellement de surprise chez moi, si ce n'est une gêne que je ne peux pas contrôler.
Un autre sujet qui revient souvent est celui du travail et de la vie de famille qui font rarement bon ménage. Une fois, ça m'a donné l'idée de leur parler du genre d'idéaux qu'on peut avoir en France. Je leur décris quelques publicités à la télé. Vous savez, par exemple, ces familles harmonieuses qui se réunissent joyeusement autour d'une table pour profiter d'un bon repas (et pour au passage vanter les mérites d'un bon lait ou de bonnes biscottes! :D). Les jeunes coréennes à qui j'en parlais se sont mises à soupirer d'un air rêveur en me disant que leur idéal, c'était ça. Le bonheur, quoi. Pas nécessairement la réussite. Mais j'ai l'impression qu'en Corée, la question n'a pas tout simplement pas le temps de se poser. Avec des amis ou juste des connaissances, nous avons pu passer des heures à débattre profondément sur nos deux pays.

Les années passent depuis que mon engouement pour la Corée est né, et je ne cesse de cumuler les témoignages dans ma tête, les avis qui divergent souvent beaucoup. Cela fait turbiner mon cerveau parfois si fort que je me dis qu'une fois en Corée, il faudra que je sache faire la barrière entre la journaliste d'investigation que je ne suis pas et la jeune étudiante naïve que je devrais être. Il ne s'agit pas de fermer les yeux sur ce qui me déplaît, mais simplement de les ouvrir lorsque cela est nécessaire. Nécessaire pour que je revienne avec une idée plus claire de ce qu'est ce pays. La Corée du Sud.

Maud


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